Thierry PERTUISOT (1999-2009)
FIGURES VARIABLES (2009)
Cette réalisation s’inscrit dans le prolongement des Géographies variables. Ceci envisage la poursuite d’un questionnement sur la nature de la représentation, la construction du regard, et la déconstruction de l’image. Il y a, avec ce projet, la volonté de revenir au corps et à la figure, traités comme éléments référents, mais volontairement décontextualisé. Ce sont des figures qui conservent avant tout la fonction d’image. Elles se répartissent dans un espace indéfini, sans prédéterminer d’orientation spatiale. Un certain nombre d’éléments représentatifs naturalistes viennent structurer et dynamiser la composition. Il en accentue aussi le sentiment d’éclatement, de chute, de vertige. Le brouillage des échelles révèle aussi l’aspect paradoxal de l’image ainsi constituée, dont le lien est éminemment pictural. C’est en effet la nature du traitement graphique et chromatique qui unifie l’ensemble. L’usage de tissu découpé et marouflé comme autant de plages monochromatiques renvoie à une interprétation décorative de la composition, et ajoute au brouillage du sens (au propre comme au figurés). Une ambiguïté supplémentaire se crée entre peinture et tapisserie Entre la fonction de l’image, reconnaissable mais décalée dans sa mise en œuvre, le traitement monochromatique du fond rouge ou bleu (en tissu de coton teinté, découpé et ensuite marouflé sur la toile), lui-même élément métaphorique et décoratif (en lien avec les arts populaires – la part anachronique et atemporelle) qui éclate et déstructure l’espace du tableau, il y a le désir de moduler et de déranger le sens de la représentation et de la perception. Peut-être que ce qui donne à voir n’est pas ce qui se perçoit ?
STILL-LIFE (2009)
La série STILL-LIFE s’inscrit dans le prolongement des « Géographies variables ». C’est une proposition dont le sens aborde la fonction de l’image et la déconstruction du regard. Ces compositions utilisent les motifs de Fleurs et de poissons, éléments référents de l’histoire de la peinture et plus particulièrement du genre de la Nature morte, dont l’équivalent anglais est « Still-life », que l’on peut traduire littéralement comme toujours (ou encore) vivant, ou bien « la vie figée ». Cette dichotomie est au centre de mon projet artistique, puisqu’il en révèle le paradoxe. Entre la fonction de l’image, reconnaissable mais décalée dans sa mise en œuvre, le traitement monochromatique du fond rouge (en tissu de coton teinté, découpé et ensuite marouflé sur la toile), lui-même élément métaphorique et décoratif (dans ce cas, je pense aux arts populaires, toiles cirées, papiers peints et tissus imprimés – la part anachronique et atemporelle) qui éclate et déstructure l’espace du tableau, il y a le désir de moduler et de déranger le sens de la représentation et de la perception. L’espace hors champs du cadre, avec le prolongement du traitement pictural sur les bordures, mais aussi l’éclatement de la composition et le format carré démultiplié constituent et renforcent un sentiment de vertige…
GEOGRAPHIES VARIABLES (2008)
Les Géographies variables sont des peintures polymorphes sur toile libre, présentées comme des écrans de projection, dont chaque exemplaire est autonome mais aussi fragment d’un ensemble plus vaste et expansif. Ce projet utilise des éléments métaphoriques qui sont de natures opposées : Eros - Thanatos, vie - mort, réalité - apparence, humanité - consumérisme. C’est aussi une façon d’aborder la question de l’incarnation de l’image qui est le propre de la peinture. Ceci en relation à l’histoire de l’art et en lien avec les sujets de la Nature morte et du Paysage qui induisent un rapport à la mémoire, en opposition à la communication qui utilise le désir et l’affect sans aucune perspective mémorielle ou historique afin de privilégier la manipulation sur la réflexion. C’est en quelque sorte la représentation du vertige de notre époque comme je le perçois. Ces peintures sont constituées de fragments plus ou moins figuratifs prélevés à partir d’images de natures différentes, voir opposées (chaire et fleurs par exemple), et traités picturalement et spatialement dans un esprit discursif et ambigu afin d’en altérer le sens et l’interprétation. Chaque composition est constituée d’un ensemble de pièces de format équivalent (314 x 220 cm), pouvant s’assembler afin de recomposer une nouvelle proposition en fonction du lieu de présentation. Des œillets métalliques de fixation ont été installés sur le pourtour de chacune des toiles à cette fin. Les Géographies variables sont réalisées sur toile de lin libre avec des zones peintes (fragments figuratifs) et des parties de tissus bleu ciel marouflés, ce qui accentuera l’effet visuel de spatialisation. Si l’espace de présentation le permet, lorsque les 4 toiles sont assemblées, elles peuvent être montrées sur une structure métallique autonome et démontable avec un cadre de 6 mètres par 4 (du type écran publicitaire ou de projection). Ce projet est la possibilité d’orienter mon travail artistique dans une direction nouvelle et complémentaire de ce que j’entreprends depuis une quinzaine d’années. Il prolonge en effet le projet artistique mis en place autour de la question du regard et la notion de point vue à partir de la thématique du Paysage. Par ailleurs, il me permet d’élaborer un dispositif tout à fait nouveau dans mon parcours, avec des moyens très différents de ceux que j’utilise habituellement, afin de reconsidérer sous un autre angle d’autres approches artistiques pour actualiser ma recherche. FIGURES MIXTES (2008) La série des figures mixtes se présente dans le prolongement d’un projet pictural autour de la notion de regard : que voir, et comment regarder ? Ces expériences s’élaborent à partir d’images antinomiques, par leurs démantèlements tout en conservant présentes leurs natures signifiantes, mais aboutissant à une forme hybride qui en altère le sens commun. C’est le potentiel pictural des éléments choisis, induisant jeux de textures, de formes et de couleurs, qui conduit à un choix de composition propre à produire une dynamique picturale. Le brouillage des échelles, la frontalité de l’image ainsi constituée, et la mixité du sujet, ouvre aux interprétations diverses mais sans solution. Les éléments qui concourent à l’émergence d’une peinture sont posés, mais suggèrent l’intangibilité et la non-fixité des points de vue. PAYSAGES (1999) Aborder la question du Paysage en peinture suppose de facto une relation au vaste territoire de la mémoire ou plutôt des mémoires, mais aussi à l’émergence d’autre chose, en différance. Mémoires collectives et individuelles liées et imbriquées intimement dans l’expérience picturale à travers le geste, la pensée, le corps, l’enracinement et le mouvement de la vie, dont la résultante se constitue en dehors ou au delà. Le Paysage se présente pour moi, comme une construction singulière et dynamique qui procède d’un héritage collectif et d’une édification personnelle. Il se constitue comme la mise en forme d’un certain point de vue qui s’élabore entre les champs du personnel, du familial, et enfin du collectif issu de l’héritage socioculturel, mais aussi et surtout à partir d’émergences liées aux rencontres et aux évènements vécus ou pressentis. C’est aussi avec les phénomènes d’apperception, par la présence du corps et des sens que se révèle cette présence au monde. Construire son espace, échafauder sa propre échelle, en dehors de la mesure et des mécanismes de la rationalité, c’est permettre l’émergence d’un Paysage nouveau (différant !) pour en éprouver la présence et la singularité.